Tout le monde connaît le proverbe disant que l’amour passe par l’estomac. Depuis toujours, plaisirs culinaires et sensuels vont de pair.
«Je ne pensais pas
que cela m’arriverait
encore une fois,
mais je suis amoureux.
Elle m’apporte la paix et la sérénité.
Je suis assis là, près d’elle,
et je la regarde cuisiner.»
Ces phrases se trouvent dans un livre de cuisine lyrique intitulé «Liebe geht durch den Magen» («L’amour passe par l’estomac»), qui agrémente les recettes de cuisine de quelques poèmes.
Cuisiner pour son compagnon ou sa compagne, ou dîner en tête-à-tête au restaurant: de tels moments partagés ont un côté sensuel. Et un estomac rassasié engendre un sentiment de bien être.
Il y a également une explication médicale à cela: «L’imagerie du cerveau montre que les activités du système limbique sont particulièrement intenses pendant les repas», explique le professeur Mark Fox, docteur en médecine, pour résumer plusieurs études. Le système limbique sert entre autres à traiter les émotions positives et négatives «Manger exerce un effet important sur le sentiment de bien-être», dit ce médecin, chef du service de gastro-entérologie du Claraspital, à Bâle. «Les sentiments de satiété et de bien-être sont très près les uns des autres dans la partie la plus ancienne de notre cerveau.»
Cependant, seuls ceux ou celles qui sont follement amoureux et qui «ont des papillons dans le ventre» ne ressentent pas la faim en raison de leur immense bonheur. En cas de chagrin d’amour, c’est exactement l’inverse. Les hormones, qui créent un lien important entre cerveau et tractus gastro-intestinal, jouent un rôle décisif dans ces états émotionnels complètement opposés. Les hormones du bonheur sont des neurotransmetteurs qui contribuent à notre bien être, déclenchent des émotions et peuvent favoriser les sentiments de bonheur.
«Une femme amoureuse présente un taux élevé d’oxytocine», explique le professeur Fox. Cette hormone, dont il simplifie le nom en «hormone de l’amour», ne joue pas seulement un grand rôle dans la sexualité et dans la stimulation de la production de lait en cas d’allaitement. Non, elle intervient aussi quand nous mangeons. Après le repas, le taux d’oxytocine est plus élevé chez les hommes comme chez les femmes, l’amour peut donc effectivement passer par l’estomac. (Poursuivez votre lecture ci-dessous...)
Par contre, en cas de chagrin d’amour, quand nous nous sentons mal, nous recherchons une autre forme de compensation. Pour remonter notre moral, nous faisons souvent augmenter les niveaux d’hormones avec des sucreries. C’est là qu’entre en jeu la dopamine, «l’hormone de la récompense», explique Mark Fox. La dopamine serait secrétée en mangeant, déclencherait la satisfaction et éveillerait le désir que les choses se répètent.
Toutefois, il n’y a pas de corrélation entre manger et sentiment de bonheur chez des personnes qui ne sont pas seulement tristes, mais aussi véritablement dépressives: «Souvent, qui est vraiment dépressif n’a aucun appétit», d’après le professeur Fox.
La sérotonine fait également partie des hormones du bonheur. «Nous savons effectivement que les médicaments qui augmentent le taux de sérotonine dans le cerveau procurent une amélioration du moral chez les patients souffrant de dépression». En mangeant, il en irait de même.
Le bilan du professeur Fox: «Presque toutes les émotions passent par l’estomac, mais c’est surtout le cas pour l’amour.»